Paris, 12 avril - Bolloré / Fayard, éditeur des fachos : hors du monde du livre !

Au Festival du Livre à Paris, au milieu des 400 et quelques maisons d'édition représentées, se trouve l'éditeur Fayard. À sa tête, Lise Boëll, surnommée "l'éditrice des fachos". Aujourd'hui, samedi 12 avril, 30 militant·es du monde de la culture, du livre et de diverses organisations antifascistes, décoloniales, écologistes se sont introduit·es au Grand Palais pour entraver la visibilité du stand de Fayard.

Les slogans "Bolloré casse toi, le monde du livre n'est pas à toi" et " Fayard se fascise, on l'ostracise" scandés bruyamment succèdent à une prise de parole au mégaphone dénonçant la présence de Fayard au Festival et le danger que représente son extrême-droitisation. Sur la banderole, le message est clair : Boycott Fayard Bolloré. Pendant 30 minutes, les manifestant.es ont obstrué l'accès au stand de Fayard et perturbé la bonne tenue du festival en scandant des slogans anti-Bolloré et en rappelant leurs revendications. Les festivalier.es présent.es ont été très nombreux.ses à reprendre les slogans et à applaudir l'initiative. La réaction du public et d'un grand nombre d'exposant.es présent.es parlait d'elle-même : pour elles et eux aussi, Fayard et le groupe Hachette n'a rien à faire au festival du livre de Paris.

Pour rappel, Bolloré qui rachète Fayard c'est :

  • la publication en moins d'un an de personnalités très proches ou faisant partie de l'extrême-droite et de la fachosphère, comme Philippe de Villiers, Bardella et Sonia Mabrouk (éditorialiste CNews et Europe 1, proche des milieux réactionnaire), William Goldnadel (un des plus gros relais de la propagande Israélienne en France), Xenia Fedorova (ancienne journaliste de RT France et relai de la désinformation du Kremlin) et bientôt Alain de Benoist ("intellectuel" identitaire de la "nouvelle droite").
  • Le placement à sa tête de l'éditrice de et proche de Zemmour, Lise Boëll , et la réorganisation profonde de l'entreprise, similaire à la purge effectuée dans les médias ou groupes rachetés par Bolloré S'il y a une maison d'édition qui est le vecteur du "combat civilisationnel" de Bolloré (pour reprendre les mots du milliardaire lui-même), c'est elle. Plus généralement, Bolloré qui rachète Hachette, c'est :
  • un contrôle total sur le plus gros groupe éditorial et le plus gros distributeur français (captant 40 % des parts du marché du livre), comportant plus de 50 marques dont des maisons d'édition comme Stock, JcLattès, Livre de Poche, Grasset, Calmann-Lévy, mais aussi et surtout les éditions scolaires, comme Hatier.
  • une fronde des employé·es qui ont déjà fait savoir leur refus de cette ingérence fasciste à travers leur CSE, et leur "honte" d'être "associés au groupe Bolloré", comme le précise un article du Monde (20/03/25). De même, les éditions scolaires Hatier sont également en bras de fer avec leur direction contre la dégradation de leurs conditions de travail.

crédit photo : Regard Brut​​​​​​ (Crédit photo : Regard Brut)

Le texte du tract :

Le monde du livre refuse le monopole et l’ingérence fasciste de Bolloré

Il faut se rendre à l’évidence : Fayard n’est plus une maison d’édition comme les autres. Depuis sa prise en main par Vincent Bolloré à travers le rachat du groupe Hachette fin 2023, son histoire a pris un tournant radical vers l'extrême-droite. La publication en quelques mois de livres signés par Philippe de Villiers, Jordan Bardella, Sonia Mabrouk et bientôt Alain de Benoist en sont les preuves les plus visibles.

Après la nomination à sa tête de Lise Boëll (éditrice de Zemmour et proche alliée du camp réactionnaire), la profonde réorganisation de l’entreprise relève de la même méthode que celle employée dans d’autres médias, comme le Journal du Dimanche en 2021 : acheter le départ sans bruit d’ancien.nes employé.es pour les remplacer par des éléments plus « Bolloré-compatible ». Son but est limpide : faire de Fayard un énième vecteur de son « combat civilisationnel ». Si les autres maisons du groupe Hachette conservent pour l’instant leur indépendance éditoriale, une véritable épée de Damoclès les contraint déjà. À l'instar de la suppression des programmes qui le dérangeaient chez Canal +, comme les Guignols de l'Info, il est tout à fait légitime de penser que Vincent Bolloré censurera les discours qui ne lui conviennent pas, qu'ils soient dissidents ou simplement contraires à sa ligne politique.

Ces tentatives évidentes de contrôle fasciste de la parole, articulées au poids monopolistique du groupe Hachette et à la puissance de frappe des médias Bolloré, sont un danger majeur pour le monde du livre et pour la société dans son ensemble.

Nous, travailleur·euses du monde du livre et de la culture, militant·es antifascistes, appelons à l’exclusion de Fayard d'événements comme le Festival du Livre de Paris. La ligne réactionnaire et conservatrice de cette maison d'édition est en contradiction totale avec la programmation progressiste du Festival. Nous dénonçons aussi la présence d'autres maisons du groupe (Hachette, Calmann-Lévy, Grasset, Stock, JcLattès, Livre de Poche et Audiolib) car elles participent toutes au financement du projet raciste, sexiste, homophobe et transphobe de leur actionnaire majoritaire.

Nous appelons donc à un boycott massif des produits du groupe Hachette et de l'empire Bolloré dans son ensemble. Nous appelons à la désertion et au désengagement des auteurs, autrices, éditeurs, éditrices et tous partenaires du groupe. Nous appelons toutes les personnes inquiètes du danger que ce milliardaire fait peser sur notre démocratie à rejoindre la campagne Désarmer Bolloré, en commençant par visiter son site internet (desarmerbollore.net) pour s'informer.
Le monde du livre refusait hier le monopole et l'entrisme d'extrême-droite de Bolloré. Il le refuse aujourd’hui et le refusera jusqu'à ce qu'il se soit retiré.

Nous n’arrêterons pas !

À lire aussi