Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez le capitalisme | Désarmer Bolloré Ile-de-France #1
Le lundi, c'est Vivendi
Le lundi 9 décembre 2024 se tiendra, aux Folies-Bergère (Paris 9e), une AG extraordinaire des actionnaires du groupe Vivendi.
Le groupe Vivendi, détenu à 29,9 % par le groupe Bolloré, se présente comme le "leader mondial dans les contenus, les médias et la communication". Vivendi est l'un des plus gros groupes de conseil en communication au monde, détenant notamment Havas (conseil en communication), le Groupe Canal, CNews, C8, les éditions Hachette, Europe 1, le Journal du Dimanche et autres fleurons de l'extrême-droitisation de la société française.
Pourquoi scinder Vivendi ?
Cette AG extraordinaire a pour but de faire entériner par les actionnaires une opération de scission de la holding Vivendi en 4 entités distinctes, dont Bolloré sortirait enrichi d'un milliard. Les 4 sociétés seraient en effet cotées en bourse dans 3 pays différents : Havas à Amsterdam, Canal+ à Londres, Louis Hachette à Paris, ainsi que le reste de Vivendi, un ensemble de participations diverses allant de l’éditeur de jeux vidéo Gameloft à Telecom Italia et Universal Music.
Pourquoi scinder Vivendi ? C'est bien connu, la bourse n'aime pas les synergies. "Si tous les actifs de Vivendi étaient correctement valorisés, ils pourraient valoir 14 milliards", assure une note d’UBS dévoilée par Le Figaro. Chaque "actif" est mieux valorisé s'il est séparé des autres. Dans ce cas, la valeur des participations du groupe Bolloré passerait d’un peu plus de 3 milliards aujourd’hui à un peu plus de 4 milliards. Le groupe Bolloré continuera a avoir un contrôle actionnarial sur les entités, à hauteur d'environ 30 %. Une façon de contrôler les société sans jamais avoir à en devenir l'actionnaire majoritaire, tout en contournant la réglementation de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers) sur les offres publiques.
Il s'agit donc d'une gigantesque entourloupe financière de catégorie A+ - "opération sanglier", dit-on en interne à Vivendi.
Des milliards pour l'extrême droite
Et ces milliards n'iraient pas dans la poche de n'importe qui : là est le noeud du problème. Tout argent allant dans la poche du groupe Bolloré contribue à financer la propagande d'extrême droite ici comme ailleurs, que ce soit sur Europe 1, le Journal Du Dimanche, ou en poussant les éditeurs Fayard à publier le torchon de Bardella.
Cette AG n'est pas un simple vote d'actionnaires.
Cette AG, c'est la convergence entre l'empire industriel et médiatique de Bolloré et son positionnement politique : celui de la propagation d'une extrême-droite conservatrice aux idéologies racistes, néo-coloniales, sécuritaires et climato-négationnistes.
C'est le financement sous nos yeux d'une propagande mensongère et nauséabonde qui pollue déjà chaque jour nos oreilles.
C'est le tapis roulant du capitalisme qui alimente le fascisme.
C'est un lundi comme les autres, où les travailleur-ses exploitées par le système capitaliste, continueront, inquièt-es, de le financer, comme chaque autre lundi.
Sabordons l'AG, fêtons la Saint-Lundi
Nous, la coordination francilienne de la campagne "Désarmer Bolloré", appelons à marquer ce lundi d'un fer rouge et à rompre l'harassant rythme du travail qui nous est imposé.
Que lundi 9 décembre ne soit ni un jour de travail, ni une journée d'étude.
Que ce soit un jour de fête, de sabordages et d'entraves à cette AG, par tous les moyens possibles.
Enrayons les rouages de l'empire Bolloré dans un furieux carnaval - comme le faisaient avant nous les travailleur-ses et ouvrier-es en transformant le lundi en fête pour rompre le rythme harassant du travail - la Saint-Lundi : " 'la fête hebdomadaire du lundi, festive et ludique, passée en partie aussi dans un cadre familial, ressemble plutôt au carnaval. [...] Et comme le carnaval du peuple, cette fête du lundi, fête bruyante, devient progressivement insupportable aux yeux des élites' (R. Beck). Insupportable car consistant à casser volontairement la cadence du travail hebdomadaire. Insupportable encore car conduisant à s'octroyer un temps à part." (L. Vidal).
Contre l'extrême-droite financée par Bolloré,
pour la fête - anticapitaliste, féministe, décoloniale, antifasciste, écologiste.
Pose ton lundi 9 décembre.
Rendez-vous à 13 heures.
Le reste viendra à point nommé.
Sources :
- Le Monde, "Pourquoi Vincent Bolloré éparpille Vivendi façon puzzle"
- Laurent Vidal, Les Hommes lents, résister à la modernité XVe-XXe siècle (2020)
- Robert Beck, « Apogée et déclin de la Saint Lundi dans la France du XIXe siècle » , Revue d’histoire du XIXe siècle, numéro 29, 2004, p.152.