Le lundi, c'est Vivendi | récit de la journée de mobilisation

Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi

Ce lundi 9 décembre, plus de 200 militant-es d'organisations syndicales, féministes, écologistes, antifascistes, antiracistes et décoloniales manifestaient, en amont de l'AG extraordinaire de Vivendi, pour dénoncer le rôle de Bolloré dans la fascisation des médias.

Le contexte

L'empire du milliardaire Vincent Bolloré, son projet industriel, financier et politique, jouent un rôle central dans la diffusion des idées d'extrême droite en France : transformation d'I-Télé en CNews, recrutement de journalistes et cadres de Valeurs Actuelles au sein du Journal du Dimanche (JDD), appui médiatique et politique à la campagne présidentielle d'Eric Zemmour, droitisation d'Europe 1, proximité avec des groupuscules fascistes, les contributions de Vincent Bolloré à la normalisation des opinions fascisantes ne se comptent plus.

Cette AG extraordinaire avait pour but de faire voter la scission de la holding Vivendi : le projet voté, Bolloré continuerait à contrôler CNEWS, C8, Europe 1 (chaînes à la ligne éditoriale d'extrême droite), mais aussi Canal et l'éditeur Hachette, avec un milliard de plus dans sa poche - spoiler, le projet a été voté.

Dès le dimanche soir plusieurs actions ont eu lieu contre l'empire Bolloré

Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi

La dimanche soir, comme un avertissement, les entités de Vivendi ont été prises pour cibles par les comités franciliens d'Extinction Rébellion et des Soulèvements de la terre : Havas repeinte couleur rouge sang, un drapeau "Bolloré" remplacé par un drapeau palestinien à la Tour Bolloré, Canal repeinte et arborant le message "Bolloré fascise la France" et pour finir, le siège de Vivendi bien tagué de partout à voir ici

Récit de la mobilisation du lundi 9 décembre contre l'AG de Vivendi

Lundi 9, 15 minutes avant l'appel public à rassemblement, une centaine de personnes surgissent sur la place de la Bourse, malgré le déploiement progressif de forces de l'ordre. Le mot d'ordre était clair : face à l'AG des actionnaires, bien confortablement assis dans leur fauteuil des Folies Bergère, seule une contre-AG populaire pouvait exprimer le point de vue de celles et ceux qui sont réellement concerné-es.

Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi

Plus de 200 militant-es ouvrent donc en fanfare la contre-AG : des voix courageuses s'élèvent pour dénoncer le rôle de Bolloré dans la fascisation que nous vivons.

Jean-Baptiste Rivoire, fondateur d'Off Investigation, rappelle le mode opératoire de ce criminel récidiviste : prendre des médias pour en faire des armes de propagande et lancer des campagnes de désinformation calomnieuses. Et pour conserver sa mainmise, Bolloré met en place une omerta : lorsque des journalistes démissionnent ou sont viré-es, iels sont forcé-es à signer une clause de silence. Le syndicat de journalisme (SNJ-CGT) embraye sur la casse sociale qui a lieu dans les médias Bolloré : pour mener à bien ces opérations de désinformation, il faut d'abord se débarrasser de celles et ceux qui enquêtent. D'autres organisations militantes (Attac, Europalestine, Scientifiques en Rébellion, AG féministe Paris Banlieue) exposent alors les conséquences de la mainmise de Bolloré sur la sphère médiatique : "Depuis le 7 octobre, il n'y a plus aucune objectivité dans les médias français. 99% des médias sont pro-israéliens. Les médias de Bolloré ont relayé la propagande de guerre israélienne", rappelle Europalestine, tandis que selon l'AG féministe, "CNEWS ne s'intéresse aux violences sexistes et sexuelles que pour nourrir son agenda raciste et colonial." Reporters sans frontière clot les prises de parole.

Forte de ces constats, la contre-AG d' "anti-bolloristes" vote : que faire de la tentaculaire Vivendi, dont l'empire s'étend de Canal+ au Journal du Dimanche ?

La foule est presque unanime : les locaux de Vivendi seront réquisitionnés pour en faire des cantines populaires et des locaux militants. La décision est écrite sur une grosse enveloppe à apporter à Vincent en personne.

Blocage de l'AG de Vivendi

Un cortège énergique et déter part de Bourse, direction les Folies Bergère, où avait lieu l'AG du patronat, en scandant "et tout le monde déteste Bolloré".

Un dispositif policier surarmé et démesuré se déploie alors à vitesse grand V, à coup de CRS et de BRAV-M. Au bout de vingt minutes de marche, de joie, de fanfare et de tractage, les manifestant-es sont nassé-es aux Grands Boulevards. Iels sont sommé-es de donner leur identité pour être verbalisé-es, sous peine d'être envoyé-es en garde à vue pour vérification d'identité. La préfecture avait en effet déposé vendredi un arrêté interdisant toute manifestation dans le 9e.

La nasse a duré trois heures.

Trois heures d'ambiance folle, grâce à la fanfare et à l'énergie des manifestant-es. Trois heures de force et de solidarité, malgré le froid et la pression de la nasse, pendant lesquelles iels se sont cramponné-es les un-es aux autres pour ne pas se faire embarquer pour vérification d'identité, après leur refus collectif de la donner. Trois heures de circulation bloquée aux Grands Boulevards, de bordel et d'entraves. Trois heures de slogans, de chansons et de revendications : "Pas de médias pour les fachos, pas de fachos dans nos médias" ; "On veut du fric pour les médias publics".

Mais aussi trois heures d'une répression policière démesurée pour des manifestant-es qui ne faisaient que déambuler joyeusement dans le quartier : entravement de la presse, présence de blindés et de la BRAV-M, amendes et fichage obligatoires, intimidations, nombreuses interpellations, personnes violemment arrachées, frappées et trainées sur le sol.

Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi
Signalisation sur le périphérique pour bloquer l'AG de Vivendi

Au total, 70 militant-es partent dans plusieurs commissariats en vérification d'identité, dans deux bus différents.

Très vite, on s'auto-organise pour être présent-es devant les commissariats et les camarades qui sortent des contrôles au compte goutte sont accueilli-es avec soulagement et joie.

Dans certains comicos, les intimidations et violences ne cessent pas pour autant : quatre flics font des blagues sexistes sur le physique d'une militante et l'isolent dans une pièce pour lui mettre la pression.

Les personnes parti-es en vérification d'identité sont quasiment toutes ressorties, une partie sans avoir donné son identité.

La disproportion de la répression reflète bien le patient travail de fascisation de la société mené par Bolloré.

Les forces de l'ordre sont à l'image de Bolloré : brutales, démesurées, toutes puissantes, violentes, menaçantes. D'ailleurs, malgré les dénégations de Vincent, qui récuse promouvoir une telle idéologie dans ses médias, les fascistes connaissent bien leurs alliés. Devant le lieu de l'AG, derrière un important dispositif policier, plusieurs militants d'extrême droite bien connus, dont un du GUD, ont été repérés.

Cette contre-AG, cette tribune publique de dénonciation, devant la presse et les médias, en pleine rue, cette énergie et cette détermination à s'attaquer à l'empire de Vincent Bolloré ont permis d'ouvrir la brèche contre Bolloré en Ile-de-France. Mais le jeu ne fait que commencer.

Rendez-vous en janvier, à bas l'empire Bolloré !

Récit par des militant-es francilien-nes d'Extinction Rebellion, de Youth for Climate et des Soulèvements de la terre pour la coordination IDF Désarmer Bolloré

ps. La vidéo de Fracas

crédit photo: ArnaudCesarVilette