Grève du 6 octobre 2025 au 6MIC d’Aix-en-Provence : COMMUNIQUÉ DES GRÉVISTES

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Ce lundi 6 octobre, nous – 8 roadies en grève accompagné·es par une mobilisation populaire – avons fait annuler La Nuit du Bien Commun au 6mic à Aix-en-Provence.

La Nuit du Bien Commun, qu'est-ce que c'est?

Cet évènement est présenté par ses organisateurs comme une soirée caritative au profit d'associations qui viennent en aide aux enfants ou à des personnes dans le besoin. Mais quand on gratte un peu, le vernis s'écaille et on se trouve face au versant culturel de la nébuleuse mise en place par le milliardaire d'extrême droite Pierre-Édouard Stérin.

Non seulement certaines des associations présentes sont ouvertement anti-ivg (pro-vie), antiimmigration, évangélistes ou catholiques intégristes, mais ces soirées sont des occasions en or offertes aux mécènes d'extrême-droite pour exercer leur influence et défiscaliser leurs fortunes. Sous couvert de « bien commun », le modèle proposé est le financement de certaines associations choisies par intérêts privés et politiques, pendant que le milieu associatif et les services publics sont étouffés par les coupes budgétaires du gouvernement.

Devenu trop encombrant, Stérin s'est retiré officiellement des nuits du bien commun, mais il reste actionnaire et très impliqué dans la société Obole -un groupuscule de startupeurs d’extrême droitequi produit et finance ces soirées.

Récit de la journée

Comme cela arrive souvent dans nos métiers, nous avons dû réclamer nos contrats de travail avant de commencer notre journée. Une fois le contrat signé avec le prestataire technique sous-traitant de la tournée, l'entreprise MIMO, nous avons décidé de rejoindre l'appel à la grève nationale de la fédération CGT du spectacle. Nous revendiquons :

  • La démission de Rachida Dati de son mandat de ministre de la Culture en raison de sa
  • politique menée et de son procès en correctionnelle pour corruption ;
  • L'arrêt immédiat des coupes budgétaires et la remise en place de tous les budgets culturels
  • L'augmentation générale des salaires dans notre secteur ;
  • La prise en compte de l'accord du 27 octobre 2023 sur l'assurance chômage des salarié-es
  • intermittent.es du spectacle ;
  • La continuité de revenus pour les artistes auteur·ices.

Nous avons pu compter sur l'appui de nos syndicats et confédération (l'intersyndicale des arts et du spectacle composée de la CGT Spectacle, du STAA et du STUCS pour la CNT-SO, et de Sud Culture) ainsi que de soutiens extérieurs ayant rejoint le piquet de grève.

Cette grève nous a permis de sensibiliser nos collègues tout en ralentissant le montage – sans faire entrave aux travailleur·euses non-grévistes. Toutefois, une fois le plateau technique monté, nous avons décidé de marquer notre mécontentement en installant le piquet de grève sur le plateau.

Entre pique-nique, chorégraphies et parties de contrée, cette occupation a irrité la société Obole, productrice de La Nuit du Bien Commun. L'organisateur a tenté désespérément de briser la grève de plusieurs manières :

-En faisant appel à un huissier : qui n'a pu que constater la légalité de notre grève, sans entrave au travail de nos collègues et sans atteinte à la sécurité du site ; -En envoyant des bénévoles d'associations puis le représentant des mécènes nous faire changer d'avis : mais faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ;

  • En faisant pression sur le directeur du lieu : mais ce dernier – respectant le droit de grève et reconnaissant la légalité de l'expression des salarié·es - a refusé la réquisition du bâtiment par la police.
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Tenaces, nous avons poliment et fermement maintenu que nous tenions un piquet de grève licite sur notre lieu de travail. En dernier recours et après nous avoir photographié·es et filmé·es sans notre consentement, le dircom d'Obole a exigé abusivement notre expulsion par les fonctionnaires de police. Soutenu·es par les juristes et les avocat·es de nos syndicats, nous n'avons pas failli et avons refusé de quitter le plateau en précisant qu'une expulsion forcée serait considérée comme une atteinte grave au droit de grève.

À l'extérieur, les soutiens se sont renforcés tout au long de la journée pour finir par être rejoints par la mobilisation contre Stérin appelée par un ensemble uni de collectifs, syndicats et organisations. Malgré la pression d'une vingtaine de cars de CRS qui ont encerclés le 6mic et bloqués les rondspoints menant au lieu, les camarades ont pu se rassembler et clamer haut et fort leur rejet de l'extrême droite. Car sous couvert de « charité chrétienne », Stérin – exilé fiscal en Belgique – essaie de mener à bien son projet Péricles via des montages financiers crapuleux, des défiscalisations et une normalisation toujours plus poussée des idées réactionnaires et mortifères de l'extrême droite.

Face à la mobilisation populaire et la grève, Obole et les « forces de l'ordre » ont alors fait marche arrière et ont fini par nous laisser tranquilles tout en annulant la soirée ! Victoire ! Après une mobilisation de 12 heures, nous avons fini par rejoindre nos camarades dans la rue pour fêter tous·tes ensemble cette victoire.

Car si nos revendications sectorielles ne sont pas encore entendues, cette grève s'est transformée en une victoire contre l'extrême droite – démontrant ainsi que la grève et l'action directe sont, et resteront, des outils majeurs pour le mouvement ouvrier. Cette victoire nous rappelle la force de l'union intersyndicale et la force de l'organisation des travailleur·euses sur leurs lieux de travail. Même précaires, nous pouvons utiliser notre droit de grève car tous·tes ensemble, nous pouvons les faire plier ! Cette victoire doit en appeler d'autres. C'est pourquoi nous appelons nos professions à continuer la mobilisation partout et tout le temps, surtout face a l’extrême droite et notamment sur les prochaines soirées voulues par Stérin : que ce soit celles des Nuits du Bien Commun, mais aussi les spectacles La dame de pierre et Les murmures de la cité.

Nous appelions de nos vœux, dans un précédent communiqué, un grand front commun contre l'extrême droite et la droite extrême, c'est désormais chose faite. Iels peuvent trembler, la lutte paye !

Ensemble, périclitons Périclès ! VIVE LA GRÈVE ! VIVE L'ACTION DIRECTE !

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