Stérin et les Nuits du Bien Commun

Pierre-Edouard Stérin

Stérin est un milliardaire français. Ayant fait fortune grâce à Smartbox et The Fork, c'est aussi un exilé fiscal notoire (depuis 2012 et l’élection de F. Hollande). Politiquement, il se dit libertarien. Mais il est avant tout un catholique réactionnaire d'extrême-droite.

Pierre-Edouard Stérin

Son projet : Unir l'ensemble des droites pour parvenir à faire rentrer son projet de société réactionnaire et catholique dans l'ensemble des institutions politiques : locales, nationales etc. Il ambitionne donc la conquête par les urnes, via le projet Périclès, mais pas que. Il mobilise aussi son fric pour peser dans le champ culturel et de l'éducation, en ayant une approche très globale des choses.

  • Volet politique locale : Récemment, des journalistes de l'Humanité ont révélés le projet Périclès : 150 millions d’euros pour porter le RN au pouvoir. Stérin souhaite mettre son argent pour la conquête par le RN de 300 mairies, en vue des municipales de 2026. Dans ce cadre-là, il finance Politicae, une "école des maires", pour former les futurs cadres politiques d'extrême-droite. Cela se traduit aussi depuis 2015 par les « Apéros du Bien commun », où se retrouvent des cadres de Reconquête, du Rassemblement national et des Républicains.

  • Volet politique internationale : Stérin est impliqué dans le Réseau Atlas. Le réseau Atlas est un réseau américain de think tank libertariens spécifiquement organisé pour mener la "bataille des idées".

« Le réseau se prévaut de nombreuses victoires politiques tout autour de la planète, comme le rejet de référendums au Chili et en Australie, le Brexit, le départ forcé de Dilma Rousseff au Brésil ou encore l’élection en Argentine de Javier Milei, très proche du réseau. Aux États-Unis, il se mobilise au côté des Républicains et espère fixer le programme politique de Donald Trump s’il est élu. » (extrait du rapport de l'Observatoire des Multinationales)

En France, le réseau Atlas se structure via un certain nombre d'organismes. Parmi eux, l'Institut de Formation Politique (IFP). Il permet la formation et la mise en réseau de leaders et porte-parole de droite et d’extrême-droite. Toute l’équipe fondatrice de SOS Chrétiens d’Orient est passée par l’IFP, de même qu’Alice Cordier, fondatrice du collectif féministe identitaire Némésis, ou encore Thaïs d’Escuffon, ancienne porte-parole de Génération identitaire.

Pour permettre à ses élèves d'investir l'espace médiatique, l'IFP a créé l'Institut Libre de Journalisme (ILB). Il s'agit de former les futurs journalistes de droite et d'extrême drpite, histoire d'aller saturer les rédactions et autres plateaux télés. Or, cet institut de journalisme a directement été financé par Stérin, via son Fond du bien commun (le fond où Stérin a placé toute sa fortune). L'Institut Libre de Journalisme a aussi récupéré des sous en participants à deux éditions des Nuits du Bien Commun : Paris 2017 et Paris 2020.

  • Volet médiatique : Stérin n'a rien à envier à Bolloré. En 2023, il est candidat au rachat de Marianne. Il échoue, face au refus des journalistes du groupe et une grève des salariés. Il voulait aussi racheter Valeurs Actuelles : échec, à nouveau. Mais depuis 2022, il est  tout de même propriétaire de Néo, un média en ligne. Il a ensuite financé le média en ligne Factuel (d'extrême-droite). Récemment, il est entré au capital du "Crayon", une chaîne YouTube de débat.

Et, dernière actu mais non pas des moindre : Il vient tout juste d'échouer (encore!) à placer son bras droit, Alban de Rostu au poste de directeur stratégique des éditions Bayard, encore une fois grâce à une mobilisation des salariés. En revanche, François Morinière, ancien collab. de Stérin (il était administrateur des Nuits du Bien Commun) est président du directoire de Bayard.

  • Volet culturel / associatif : Les « Nuits du Bien Commun ». Il s'agit pour Stérin de s'acheter une vitrine de respectabilité en finançant des associations oeuvrant pour le "bien commun" (beaucoup de structures liées au soutien aux enfants handicapés, à des écoles etc.).

Son dernier fait d’armes est d’avoir tenté d’installer une "Oasis chrétienne" (oui oui) en Touraine, sous le doux nom de projet Monasphère. Heureusement, avorté (sans mauvais jeu de mot) par une bande de retraités. Merci à eux !

Bolloré - Stérin : un mariage consommé

Stérin et Bolloré marchent main dans la main. Ils portent le même projet, et n'hésitent pas à s'associer. Leurs connexions sont nombreuses, mais restent encore discrètes. D'autres seront probablement à trouver. Quelques exemples :

Alexy Pany  : Homme politique faisant figure d'exemple dans la sacro-sainte union des droites tant espérée par Stérin comme Bolloré. Cela tombe bien : le type, candidat LR-RN dans les Hauts de Seine aux dernières législatives est cadre chez ... Bolloré Logistique. Sa femme, Alix Pany est directrice des investissements du Fonds du Bien Commun, rien que ça.

Le groupe Bayard (dont, on le rappelle, le directoire est présidé par François Morinière, proche de Stérin) s'est associé à Bolloré, Dassault et compagnie pour racheter l'ESJ, l'école de journalisme de Paris. Vianney d'Alençon, entrepreneur lyonnais réactionnaire, est derrière le rachat de l'ESJ. Il finance la Fondation Lejeune, anti-avortement, tout comme de nombreuses personnalités liées au Nuit du Bien Commun. La boucle est bouclée.

Chantal Barry et ZeWatchers : Chantal, c'est la grande copine de Bolloré. Depuis 2016, elle est à la tête de ZeWatchers. Il s'agit d'une "nébuleuse fondation qui se double d’une société anonyme. Son but assumé ? Répandre la parole de l’Evangile dans les médias français.". Auprès de Libération, Chantal Barry, communicante déclare : «Notre but est de travailler au bien commun au sens large, pas dans un sens forcément religieux. Cela peut passer par des actions humanitaires ou par la production de contenu éditorial.»

ZeWatchers est au capital de Progressif Média, une agence de communication proche des milieux identitaires, et qui se fait surtout remarquer par ses campagnes d’influence en défense des médias Bolloré, un autre de ses actionnaires. Progressif Média a participé au développement du projet Canto, une application de chants controversées (on y trouve pas mal de chants nazis), projet lui aussi financé par Stérin via ... Les Nuits du Bien Commun.

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Toujours la même petite musique : Bien commun par-ci, bien commun par là ... Le bien commun a tout d'un dog whistle, discret et peu lisible, pour toutes les structures qui répondent  à l'appel du projet Stérin. Et ce même mode opératoire : financer des structures partenaires d'un projet plus large, afin de diluer et diffuser insidieusement le même projet catho-fasciste.

Progressif Média est un outil puissant de la campagne médiatique de Bolloré. Or, on retrouve dans le comité de direction de Progressif Média  le militant anti-avortement Émile Duport, ancien chargé de com' de la Manif pour Tous, dont pas mal de cadres sont proches de la galaxie Stérin. Parmi les salariés de Progressif Média, figure aussi Vivien Hoch fondateur du comité Trump France et étant issus de l'IFP, est membre du réseau Atlas dont Stérin, on le rappelle, est entièrement partie prenante. Le bonhomme est accessoirement directeur communication de la "Marche pour la vie".

Focus sur les Nuits du Bien commun

  • Co-créé par Pierre-Edouard Stérin.
  • Soirée de levée de fonds pour plusieurs associations, créée en 2017.
  • Présentée comme « le rendez-vous incontournable de la philanthropie ».

Pierre-Édouard n'aime pas donner son argent. Alors, quand François Hollande a été élu en 2012, Pierre-Édouard, fâché, a claqué la porte et est parti en Belgique, pour s'assurer qu'on ne vienne pas lui piquer son argent. Il ne veut même rien laisser de sa fortune à ses enfants : il faut bien leur apprendre le goût du travail, lui qui s'est fait tout seul. Mais Pierre-Édouard n'est pas radin !

C'est pourquoi, en 2021, il a placé les 800 millions d'euros de sa tirelire dans un Fond de dotation, censé financer les "causes pour le bien commun". Mais non content d'agir en philantrope, Pierre-Édouard a voulu embarquer tout son petit réseau dans cette grande cause philanthropique. Il a donc créé les Nuits du bien commun, pour mettre en scène une fausse charité chrétienne au profit d'associations faussement solidaire. En réalité, un gros paquet d'entres-elles mouillent dans les réseaux anti-avortement, identitaires, et autres joyeusetés catholiques intégristes.

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Les autres membres de la fondation :

  • Co-fondateur : Stanislas Billot de Lochner : Il se présente comme un entrepreneur chrétien. Proche de Civitas, il a fondé le site Obole.eu, une start up permettant la digitalisation des dons fait à l'Église. Ancien banquier, proche de Marion Maréchal Le Pen et admirateur de Zemmour.
  • Président du Fond de dotation des NBC : François Morinière, également président du directoire de Bayard Presse.
  • Membres du Conseil d’administration : Lionel Devic (président de la Fondation pour l’École, opposé au Mariage pour Tous, soutien du cardinal Barbarin, proche des milieux d’extrême droite), ou encore Louis Bourbon (aspirant roi de France).
  • Les directeurs de la communication : Timothé et Thomas Tixier. Ensemble, ils ont également fondé Credofunding, qui permet le financement de projets proches des intégristes. Credofunding a ainsi permis le financement de Lejeune Académie, structure de formation contre l’avortement.

Les nuits du bien commun sont une vitrine. Mais le concept rempli des objectifs bien assumés :

  1. Financer le projet politique, idéologique et culturel de Stérin. Car oui, prendre des mairies, former des collaborateurs, faire campagne, communiquer... Cela coûte de l'argent.
  2. Rémunérer grassement les copains de Stérin, dont une grande partie sont salariés, présidents, directeurs des associations qui récoltent les sous.
  3. Permettre à tous les bourgeois de France et de Navarre de défiscaliser en masse : ben oui, les dons c'est pas gratuit ! Alors, pas de panique : l'État rembourse. D'ailleurs, l'équipe de Stérin, qui a levé près de 1,4 millions d'euros à l'Olympia (propriété de Bolloré) début décembre 2024, l'a bien rappelé : « Ce soir, vous serez généreux, mais le plus généreux, ça restera... L’ÉTAT ». Pour un événement fondé par un libertarien assumé, c'est cocasse.
  4. Se faire rencontrer la bourgeoisie catholique locale, et structurer des réseaux.

Les associations, dans tous ça ?

Difficile de s'opposer au bien commun, et au milieu associatif. Surtout quand elles prétendent oeuvrer pour la solidarité, les personnes handicapées, les femmes enceintes, les entrepreneurs fauchés ...

Il y a donc un enjeu majeur à révéler et déceler les liens qu'elles entretiennent avec les milieux les plus pourris qui soient. Et, heureusement, on peut pour cela compter sur le travail de quelques journalistes, qui depuis quelques temps, permettent de mettre au jour cela.

En synthèse, voici une liste, hélas non exhaustive, des pires associations financées par Stérin et sa Nuit du Bien Commun :

  • SOS Calvaire : Association qui, sous couvert de la restauration de monuments religieux, fait la promotion des idées nationalistes et d’extrême droite. Ses événements rassemblent des figures notoires de groupuscules néonazis.
  • L’association Le Rocher, une mission catholique créée par la Communauté de l’Emmanuel (qui est en lien avec des structures effectuant des thérapies de conversion)
  • Je révise avec toi : chaîne YouTube de vidéos historiques révisionniste destinées aux enfants. Les contenus de cette association sont accusés de diffuser des idées d’extrême droite. Des membres de l’association sont proches des cadres de Reconquête et des promoteurs de la théorie du grand remplacement. Elle a reçu 80 000 euros en 2020, 72 000 euros en 2021 …
  • Café Joyeux, proche des milieux anti-avortement.
  • L’institut libre de journalisme : école privée de journalisme dans laquelle intervient notamment Geoffroy Lejeune, de Valeurs Actuelles et du Journal du Dimanche (JDD).
  • La Maison de Marthe et Marie : Association qui permet la colocation pour femmes enceinte, mais qui s’avère être une structure importante des milieux anti IVG .
  • L'Institut Libre de Journalisme : Forme les futurs chroniqueurs de droite et d'extrême droite, en lien avec l'Institut de Formation Politique (organe du réseau ATLAS).
  • La Maison des plus petits : association recevant des jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et dirigée par Violaine Roger, également assistante sociale à l’Institut Jérôme-Lejeune, luttant contre le droit à l’avortement.
  • Symphonia Production, une structure de spectacle retraçant “les grandes heures de notre civilisation” (notamment un spectacle hommage à Notre-Dame de Paris)
  • Arcade, une association proposant aux jeunes des chantiers de restauration d’églises et qui milite pour “la reconstruction des liens qui unissent les français entre eux”.
  • Espérances banlieues : Établissement privé hors contrat ayant été accusé de violences volontaires sur mineurs et de racisme.
  • Canto : Application qui promet des chants traditionnels, dont certains datant de l’Allemagne nazie.
  • A Bras Ouverts : Propose des séjours pour personnes handicapées. A été fondée par Tudgual Derville,  délégué général de l'association anti-avortement Alliance VITA. En 2013, il est un des porte-parole de La Manif pour tous.
  • Le Coquetier : Une association d'aide à l'entreprenariat, fondée par Alexandre Pessey, directeur de l'Institut Libre de Journalisme.
  • La Boussole : Établissement scolaire hors contrat, affilié au réseau Espérance banlieues. L'école a instauré le salut au drapeau dans la cour, et s’est donné pour objectif « d’enseigner, d’éduquer et développer le sentiment d’appartenance à la France ». Fondée par Marie Cognet, femme de Raphaël Cognet (maire de Mantes-la-Jolie) et investit dans le réseau Stérin (il participe aux formations de Politicae, l'école de formation de Périclès.

La liste est longue. Nous avons recensé l'ensemble des associations qui ont été, depuis 2017, financées par les NBC. Toutes ne sont probablement en lien aussi évident avec les identitaires. En revanche, il est porbable qu'un bon paquet d'entres elles font discrètement leur vie, et qu'il ne s'agit qu'à nous de continuer à enquêter pour révéler l'étendue de la galaxie associative de Stérin et sa clique.

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Stérin tisse sa toile

En résumé : Les Nuits du Bien Commun permettent avant tout à la galaxie de Stérin de se rencontrer, se voir et discuter. Au début, l'événement n'avait lieu qu'à Paris. Mais depuis deux, trois ans, la Nuit du Bien commun est implantée dans de nombreuses villes en France, Belgique et Suisse. On recense : Marseille, Tours, Angers, Rennes, Rouen, Paris, Toulouse, Bruxelles, Annecy, Bordeaux, Lille, Nantes, Lyon, Genève, Dijon + le Puy du Fou.

En se déplaçant de ville en ville, et en multipliant les ancrages locaux, il assoit lentement mais sûrement son rêve de conquête municipales. Car pour avoir des élus locaux, il faut de la connaissance de terrain, des partenaires financiers, associatifs, culturels ... Or, chaque édition locale de cet événement s'appuie sur un comité de soutien local, composé de notables, de personnalités municipales.  En d'autres termes, les Nuits du Bien Commun sont le cheval de Troie du projet Périclès.

Face à une menace locale, seule une riposte locale peut peser. Nous invitons d'ores-et-déjà l'enselble des comités concernés par la venue de Stérin à se mobiliser, à commencer à construire leur propre enquête : qui constitue le comité de soutien de chaque ville ? Quelles ont été les associations financées jusque là ? Qui en sont les salariés, sont-ils au courant ou en lien avec Stérin, Bolloré, Périclès ou Atlas ?

Et, surtout : comment empêcher Stérin de revenir organiser ses petites sauteries immondes en 2025 ?

Le sujet est encore nébuleux, et peu lisible : c'est absolument normal, car c'est l'objectif même, et assumé de Stérin, qui se fait aujourd'hui bien discret. Il ne tiens qu'à nous d'aller péter son cheval moisi.

Prochaines dates des Nuits du Bien Commun

Voici les prochaines dates des Nuits du Bien Commun. Nous mettrons autant que possible cette liste à jour. S'il vous prend l'envie d'organiser un rassemblement, une manifestation, une action quand ces Nuits réactionnaires passent chez vous, contactez-nous (par mail ou par instagram) et nous nous ferons un plaisir de relayer un maximum l'information.

  • Angers : Prochaine date non annoncée
  • Annecy : Prochaine date non annoncée
  • Bordeaux : Prochaine date non annoncée
  • Bruxelles : 4 juin 2025, au Théâtre des Galeries
  • Dijon : Prochaine date non annoncée
  • Genève : Prochaine date non annoncée
  • Lille : Prochaine date non annoncée, mais "date et lieu à venir" sur le site internet des NCB
  • Lyon : 19 mai 2025, Centre des Congrès de Lyon
  • Marseille : Prochaine date non annoncée
  • Nantes : Prochaine date non annoncée
  • Paris : Prochaine date non annoncée
  • Rouen : Prochaine date non annoncée, mais "date et lieu à venir sur le site internet des NBC
  • Toulouse : 18 juin 2025, au Centre des Congrès Pierre Baudis
  • Tours : Prochaine date non annoncée, mais "date et lieu à venir sur le site internet des NBC
  • Puy du Fou : Prochaine date non annoncée

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