La Nuit de Bien Commun à Benon (17) ou l'échec cuisant d'une soirée d'extrême droite en milieu rural

Avec la médiatisation de la campagne "Bloquons les nuits du bien commun", les camarades du 17 étaient déjà sur le qui-vive avant même l'annonce d'un épisode d'une NBC sur leur territoire !
Lorsqu'iels ont appris, au printemps 2025, qu'une soirée aurait lieu à Benon, en Charente-Maritime, les camarades se sont mis.es au boulot.
Une soirée NBC Charente-Maritime Deux-Sevres
Iels ont commencé à s'interroger sur le lieu. Benon, c'est une commune de moins de 2 000 hab, à 30 km de La Rochelle et 35 km de Niort. Avions-nous des ami.es sur place ? Avec 59,22 % de vote en faveur du rassemblement national au second tour des législatives en 2024, pas sûr que les benonais.es de gauche s'exposent beaucoup. Le simulacre de la soirée de charité était annoncé dans une ancienne Abbaye, isolée en pleine campagne, à plusieurs kilomètres de la maison la plus proche. La configuration du lieu changeait beaucoup des soirées citadines dont nous avions entendu parler. Challenge motivant pour les camarades! Et que dire du nom du lieu : l'Abbaye de la Grâce-Dieu, trop drôle. La lutte, c'est toujours plus entraînant dans la joie!
Plus on est de fous et folles, plus on s'amuse !
Rapidement, les camarades ont trouvé leurs allié.es parmi les collectifs, organisations, syndicats qui partagent les mêmes valeurs, notamment la lutte anti-fachiste. Et le collectif "Aunis contre l'extrême droite" naquit. Obole, la société organisatrice des soirées du NBC, a voulu bosser à cheval sur deux départements, les camarades aussi ! Iels ont prévenu les copain.es du 79 qui ne se sont pas fait prier pour les rejoindre.
Celleux qui luttent contre la propagande réactionnaire et d'extrême droite de Stérin sont les membres d'une grande famille qui couvre le territoire français : les camarades du 17 et du 79 en font désormais partie.es.
Déter et motivé.es, démarrage au quart de tout
Avant même la sélection des "associations lauréates", des centaines d'associations ont été contactées par mail. Objectif : les mettre en garde sur la nature profonde de ces honteuses soirées de charité et les informer du projet Périclès, qui ambitionnent de faire passer l'extrême droite à la Présidentielle de 2027. Les NBC choisissent toujours des associations " vitrines", qu'on ne peut critiquer, afin de les mettre en avant dans leur communication (les femmes victimes de cancer du sein, le handisport,...). Les camarades ont prévenu les associations locales, afin qu'elles ne se retrouvent pas instrumentalisées par les NBC, bien loin de leur projet initial du vivre ensemble. Les élues du territoire (maires, député.es) et certaines institutions ont elles aussi été alertées. Si aucune institution et représentant n'a daigné répondre aux simples citoyens.nes que les camarades représentent, certaines associations, elles, ont su apporter leur soutien utile. Les associations éclairées savent que la tentation de s'ouvrir aux financements par des fonds privés est un pas de plus vers la baisse des financements publics, la perte de leur autonomie et de leur indépendance.
Avant l'été, les six associations candidates ont été dévoilées. Quelles étaient les assos naïves, les assos pourries, les assos "non naïves" qui pensaient que mouiller dans les relents de l'extrême droite passerait inaperçu ? Les camarades ont enquêté, cogité, envoyé des mails, discuté et alerté autour d'elleux. A priori sans effets. Jusqu'au jour où...
Tout vient à point à qui sait attendre.
Les camarades n'ont pas besoin de briller. Tant que leur travail, leur énergie, leur détermination, portent leurs fruits, peu importe qui diffusera les bonnes nouvelles. Et c'est aussi de la joie de constater que d'autres travaillaient aussi en parallèle, vers un même point de mire : faire vaciller Obole, la NBC, Stérin, porter un coup de canif dans la belle image du projet, écarter les œillères de nos concitoyen.nes.
Ce n'est qu'une semaine avant le jour J que l'association, caution idéale de la soirée, le Stade Rochelais Rupella handibasket, se désiste !! A grands renforts de mensonges ! Parce que les camarades qui ont bossé le sujet savent bien que pour être sélectionnée, l'association candidate a postulé. Iels connaissent aussi le coaching assuré par Obole auprès des associations lauréates et de leurs membres : cette présence intensive pour monter un projet (même bidon) qui servira à appuyer la demande de dons le jour J et qui enrôle les membres de l'association autour de la grande messe à venir.
Puis 48 h avant les festivités, d'une façon bien moins hypocrite, une seconde association se désiste, l'asso Simon de Cyrène. Son Président déclare par voie de presse "Mieux vaut se priver de financement que risquer d'accepter un mauvais argent".
De l'ombre à la lumière
Après des mois à bosser dans l'ombre, les camarades ont eu envie de sortir leur nez dehors, gambader dans les champs le jour et de glisser dans l'obscurité des rues la nuit.
Avec fébrilité, les camarades sont passé.es à l'organisation de la manif-action : créer les supports de com, s'activer sur les réseaux, annoncer la couleur en local et décorer la route jusque devant le domaine.
Des quatre coins du 17 et du 79, les camarades sont venu.es nombreux nombreuses!
Et parce qu'iels le méritaient toustes, un beau soleil a illuminé la manifaction. Toustes ont vu les visages radieux des victoires remportées, les cœurs joyeux d'être ensemble, les corps déterminés à rejeter toutes les formes de soumission à la fachisation de notre Société.
Récit de la manif-action contre la NBC à Benon - Le communiqué de presse du Collectif Aunis contre l'extrême droite.

"Le 24 septembre 2025 s’est tenue la Nuit du Bien Commun dans l’Abbaye de La Grâce-Dieu, avec deux 2 associations lauréates en moins. Dès 18h, le centre et les alentours de Benon sont quadrillés par de nombreux gendarmes/CRS.
A partir de 18h15, Un cortège joyeux et pacifique, d'environ 150 personnes, toutes générations confondues, s'élance sous des chants engagés et militants, de la place de l'église pour se rendre devant l'abbaye où se tient la soirée des amis de Stérin.
Pas moins de trois barrages de force de l'ordre sont mis en place pour nous empêcher d'avancer (dès la place de l'église, à mi-parcours, et à quelques mètres de l'abbaye). Au second barrage plusieurs tirs de lacrymogènes ont eu lieu sans sommation, dont deux en direction des manifestant.es. En arrivant au troisième barrage, les flics infiltrés parmis les manifestant.es s'échappent par la forêt rejoindre les leurs. Car ici, c'est le Préfet, entouré par ses troupes armées, qui nous attend. La volonté de protéger Stérin, son idéologie raciste (cf le projet Périclès) et les nuits du bien commun, ne fait plus de doute. C'est alors que l'ensemble des manifestants prennent la décision de faire demi-tour, après avoir occupé le S'TERRAIN pendant quelques heures.
À quelques centaines de mètres devant le cordon de gendarmes, sur une petite route de campagne, une voiture (sans doute pour participer à de la Nuit du Bien Commun) fonce à vive allure et violemment sur les manifestant.es. Certain.es ont été obligé.es de se jeter dans le fossé ou les ronces, d’autres sont sous le choc de l’agression subie. Les forces de l'ordre, qui n’ont pas bougé, ont même laissé l'automobiliste rentrer dans la petite fête privée des amis Stérin.
Plusieurs manifestant.es victimes, encore sous le choc de l'acte subi, se réservent le droit des poursuites judiciaires.
L'extrême droite est un danger pour toutes et tous
"Pas de fachos dans nos campagnes, pas de campagne pour les fachos."
Collectif "Aunis contre l'extrême droite"
Cerise sur le gâteau !
Le lendemain, les camarades ont compris que ce n'est pas deux, mais trois associations qui n'auront pas assumé de s'afficher au côté d'une organisation d'extrême droite. Une troisième "association lauréate" ne s'est pas présentée le jour J.
Les promesses de dons de cette soirée (97 000 €) se sont avérés ridiculement faibles comparativement aux soirées précédentes. Finalement, pas sûr que le milieu rural soit une vache si facile à traire.
L'événement a produit quelques ricochets réjouissants : les témoignages indignés de représentants de structures, d'étudiant.es floué.es, les silences coupables des institutions "naïves" et/ou complices, et des belles photos dans les médias.
Sur les terres rurales de l'Abbaye de la Grâce-Dieu, les malicieux.ses camarades du 17 et du 79, on su offrir à Stérin et ses apôtres la surprise d'une belle humiliation.