Montpellier, retour à la CIRAD et réponse au directeur

Le 30 janvier dernier, dans le cadre de la campagne « Désarmons Bolloré », des militant.es des soulèvements de la terre et d’extinction rébellion Montpellier avaient mené une action de tractage devant le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) pour dénoncer ses liens avec la Socfin, une entreprise néo-coloniale détenue à 40% par Vincent Bolloré.

À la suite de cette action, la direction du CIRAD s’était défendue par intermédiaire d’une lettre interne indiquant que « le partenariat avec Socfin ne représentait que 0,1 % de leurs financements » et que « le CIRAD cherche à travailler avec des grandes entreprises pour les faire changer de l’intérieur ».

Nous y sommes retourné.es le 12 juin pour une nouvelle action de tractage afin d’apporter notre réponse à la lettre interne de la direction du CIRAD.

Réponse à la direction du CIRAD

Le 30 janvier 2024, un groupe constitué par des militant.e.s de XR Montpellier et du comité local des Soulèvements de la Terre venait tracter devant votre institut au campus de Lavalette. Nous alertions sur l'existence d'un partenariat entre Socfin, entreprise néo-coloniale détenue à 40% par Vincent Bolloré et PalmElit, entreprise de production et de recherche en semences de palmier à huile,détenue en majorité par le Cirad et secondairement par Sofiprotéol (là aussi, il y aurait des choses à dire...).

À la date d'aujourd'hui, votre collaboration avec Socfin ne semble pas avoir été remise en cause. Nous savons aussi qu'une lettre a circulé en interne au Cirad, on s'est permis.e.s de la lire. Et on a des choses à dire !

La première nouvelle est excellente, c'est que le partenariat avec Socfin représente 0,1% des ressources du Cirad, cela signifie donc que le Cirad pourrait aisément choisir de rompre le lien avec cette entreprise néfaste, sans que cela n'affecte sa stabilité !

Deuxième nouvelle, et là on commence à être perdu.e.s : le Cirad cherche à travailler avec des grandes entreprises pour modifier les filières de l'intérieur...Comme si le Cirad faisait le poids et pouvait imposer son éthique à Socfin, une multinationale néo-coloniale créée en 1909, fondamentalement violente, qui exploite ses travailleur.euse.s (parfois mineur.es) qui s'accapare systématiquement des terres, réprime les mobilisations et pollue l'environnement. À noter, notre questionnement ne concerne pas le travail du Cirad avec des grandes entreprises (nous sommes conscients, notamment, de la crise des financements publics dont souffre la recherche aujourd'hui), mais nous dénonçons le partenariat du Cirad avec une entreprise possédée en partie par Bolloré, milliardaire jouant (entre autres) un rôle actif dans la promotion des idées fascistes en France.

Troisième nouvelle, et là encore elle est excellente : Socfin respecte les principes de la RSPO. Un des principes de la certification par la RSPO est que le droit d'exploiter la terre ne doit pas être légitimement contesté par les populations locales, c'est pourtant le cas sur TOUTES les exploitations de Socfin ! Plus encore, selon l'ONG Belge FIAN : "La RSPO est totalement biaisée en faveur de l’industrie et n’est pas adaptée pour garantir la durabilité et le respect des droits humains des chaînes d’approvisionnement en huile de palme"

Ici, on se permet de vous conseiller ce tutoriel en trois étapes :

  1. Ouvrir votre navigateur de recherche
  2. Taper : Socfin
  3. Descendre sous le site officiel du groupe (quelques coups de souris) : on tombe sur une liste interminable des atteintes aux droits humains, des travailleur.euse.s et à la spoliation de terres opérée par Socfin. Mais Socfin respecte la RSPO ! Avez-vous pensé à transmettre cette excellente nouvelle aux syndicats de travailleur.euses, aux femmes violées sur des exploitations au Libéria et au Cameroun aux ONG React, Sherpa et Synaparcam ? Dans les années 30, c'est l'argent des industries, aux mains de la bourgeoisie, qui servait à financer la propagande fasciste. Aujourd'hui, le secteur audiovisuel de l'empire Bolloré est déficitaire, en particulier CNews. Mais c'est l'argent des secteurs rentables détenus par Bolloré (dont Socfin) qui permet le déroulement de son discours réactionnaire et raciste aux heures de grande écoute dans ses médias.

À nous de l'isoler. À vous aussi...

Sources

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