Bordeaux – De multiples actions tout au long du weekend : Arkea Arena, local du RN, Relay, librairies, etc.
Tout au long du weekend, un groupe composite de militant.es bordelais.es, issu.es de mouvements écolos, antifascistes, féministes, anticapitalistes, antiracistes, ont manifesté leur opposition au projet civilisationnel de Bolloré, en ciblant différents lieux dans l'espace public, liés à l'extrême droite ou plus spécifiquement à Vincent Bolloré : Relay, Arkea Arena, local du RN, etc.
Voici un récit de leur week-end écrit à plusieurs mains :
"Itinéraire d'un.e bordelais.e pendant les Journées d'action contre Bolloré
Réveil artistique à l'Arkea Arena jeudi 31 au matin : Ô surprise, le soleil s'est levé sur une œuvre d'art géante, directement sur le chemin de cette salle de spectacle propriété de Vincent Bolloré qui détient Lagardère. "Mange 1 Facho, Bouffe 1 Bollor(ré)" Une humeur poétique a inspiré à ces peintres facétieux.ses une métaphore culinaire pour s'opposer à la voracité de Bolloré. La toile qu'iels ont choisie pour leur créativité nocturne n'est autre que le pont Simone Veil, ce nouveau laideron de béton inauguré l'été dernier à Bordeaux pour améliorer entre autres l'accessibilité de la salle de Bolloré.
Une déambulation dans les rues de Bordeaux emmène notre bordelais.e à la découverte de tags "Antifa - Anti-Bolloré, "Bolloré, Musk = nazis ?", ah cela lui semble osé. Mais d'autres banderoles l'informent : "Bolloré fascise la France", c’est donc ça ! Dans un espace urbain saturé de publicités et de messages commerciaux, ces œuvres d'art s'imposent à notre bordelais.e comme une forme de réappropriation et d’expression libre et iel interroge un.e graffeur.euse sur son chemin qui lui explique "Ces gestes permettent de briser le monopole de la parole marchande, offrant un espace spontané, accessible à tous et s'affranchissant de toute logique de profit." Cela résonne en notre bordelais.e qui voit sa ville et ses quartiers se gentrifier et s'uniformiser à toute allure. Le/la graffeur.euse poursuit : "Cette liberté d'expression par le tag témoigne de la diversité idéologique de notre pays ne se résumant pas au fascisme comme tentent de nous le faire croire de plus en plus de médias qui banalisent les violences discriminatoires, ignorent la crise climatique et font diversion en surestimant démesurément les problématiques d'immigration et d'insécurité."
Vendredi soir, voilà qu'il arrive à la gare Saint Jean où il fut accueilli par quelques festivités. Dans un premier temps, une généreuse équipe a distribué quelques tracts qui éclairaient sur les rouages de l'empire du milliardaire, ce qui a permis de détourner l'attention des agents de sécurité pour nous préparer au plat de résistance. Pour mieux comprendre, notre bordelais.e demande à des passant.es pourquoi toute cette agitation : "Cette gare abrite trois magasins Relay, propriété notable de Vincent Bolloré dans lesquels sont vendus les livres et les journaux d'extrême-droite édités par ses entreprises"
Notre bordelais.e ne sait plus où donner de la tête quand à 19h, au son d'une fanfare, un groupe de joyeux.ses luron.nes masqué.es en Bolloré a déployé une banderole dénonçant la presse Bollo-niaise, puis a lancé des tracts et des marque-pages depuis le balcon en scandant le slogan "Désarmez Bolloré ! Boycottez Bolloré !". Iel voit du coin de l'oeil quelques rigolards.es venu.es s'infiltrer dans un des Relay, y dérober quelques denrées alimentaires, des livres aux sujets abjetcs qui, au moins, ne seront pas vendus. Iel racontera par la suite à qui voulait l'entendre que divers liquides furent déversés sur les promontoires affichant les ouvrages aux idées les plus nauséabondes. Ah, iel ne s'attendait pas à cette superbe ambiance digne d'un vendredi soir endiablé, si agitée que le deuxième Relay en contrebas a décidé de fermer ses portes par peur de se faire, lui aussi, bolosser. Néanmoins, cette soirée fut un bon début de week-end, à peine perturbé par les agents SNCF et autres représentants de l'ordre, décidément pas assez vifs. Samedi à 13h, quelle ne fut pas sa surprise lorsque arrive devant la Fnac l'équipe de choc des supers tracteur.euses et de la fanfare militante. Armé.es d'une banderole géante et de leur bonne humeur, iels se sont mis.es à distribuer devant la FNAC et la librairie Mollat les flyers et marque-pages, dénonçant la mainmise du groupe Bolloré sur l'édition Hachette. En pleine rue piétonne bondée, les passants intrigué.es se sont montrés très réceptifs !
Iel a entendu dire qu'un rassemblement est prévu pour dénoncer les liens étroits entre Bolloré et l'extrême droite francaise. Les militant.es occupent le trottoir devant le local du RN au 138, boulevard George V, dans le quartier Saint-Genès, pour marteler leur message : "Bolloré fascise la France" à coup de tags, de banderoles, de tracts et de jeux de rue.
Sur le chemin du retour, iel entrevoit des forces de l'ordre bloquer la fanfare et d’autres invité.es du goûter : une dizaine de personnes se font embarquer puis relâcher sans suite. Face à la lutte joyeuse, l'Etat n'a qu'une seule réponse : la répression. Mais en vain !
Samedi dans la nuit, alors qu'iel parcourt les rues du Médoc, iel tombe sur une banderole affichée le panneau du Château Clarisse, détenu à 40% par Bolloré. Décidément, Bolloré est partout, mais pas de chance pour lui, les militant.es aussi !!!
Mais qui sont ces militant.es créatifs.ves qui ont ambiancé le weekend de notre bordelais.e ? Iel aimerait pouvoir les remercier de lui avoir ouvert les yeux, mais nul ne saurait lui dire qui se cache derrière tout cela, iel a entendu parler d'un front commun contre le fascisme et Bolloré, à Bordeaux, mais aussi partout en France. Iel a le sentiment que ça ne s'arrêtera pas au 2 février ; les énergies qui se sont rassemblées dans le cadre de ces journées d'action sauront resurgir en temps voulu, dans le cadre de la campagne et bien au-delà."