Bolloré/Hachette : ça suffit et c'est bientôt fini.
Le rachat du premier groupe éditorial français par Vincent Bolloré fin 2023 avait créé une vague d’indignation dans l’interprofession du livre. Depuis un an maintenant, la campagne Désarmer Bolloré lui a donné corps et nous sommes nombreux·ses à nous organiser pour défaire l'emprise de son empire mortifère. Des libraires s’engagent à ne plus vendre ce que produit Hachette. Des militants diffusent plusieurs centaines de milliers de marques pages qui permettent aux lecteur.ices de savoir quoi boycotter. Les Relay sont bousculés. Des éditeur.ices indépendantes esquissent des pistes pour Déborder Bolloré. Les livres nauséeux de Fayard sont chapardés et leur stand perturbé au Festival du Livre de Paris. Des parents et des professeurs demandent à ce que les manuels scolaires du groupe Hachette ne soient plus utilisés par les professionnel·ḷes.les de l’enseignement. Par petites touches progressives, le tableau d'une riposte collective et massive se dessine.
Et pourtant la rentrée littéraire arrive et, avec elle, le business as usal du capitalisme culturel. Parmi les dizaines de romans publiés par les maisons d’éditions du groupe Hachette dès la fin août, on retrouvera avec tristesse des auteur.ices qui nous sont cher.es, et avec qui l’on pensait partager à priori nos idéaux politiques. Iels publient des livres qu'on aurait hâte de découvrir s’ils ne finançaient pas un monde sans lendemain. Ainsi, par exemple, de David Dufresne, Sorj Chalandon, qui publient chez Grasset. Ainsi de Rebeka Warrior, qui publie chez Stock. Ainsi de Mona Chollet et Alice Zeniter qui prêtent leur plume à une nouvelle collection au Livre de Poche. Comment ne pas se poser la question : qu’est-ce qu’iels font ?
Pour que ce sentiment de trahison ne reste pas un sentiment intérieur, nous nous sommes dit qu’on pouvait tous et toutes leur écrire pour leur en faire part , à elles et eux. Qu’on devait leur envoyer des lettres d’amour et de rage ; des poèmes ; des collages ; des cartes d’admiration et d’incompréhension. Leur dire que leurs textes nous font vivre mais qu’on ne pourra pas lire ceux-là. Leur demander aussi de nous expliquer leur choix.
Parce que nous avons le goût des aventures collectives plutôt qu’individuelles nous vous proposons d’agir ensemble : confiez-nous votre correspondance et nous nous engageons à la faire parvenir à saon destinataire par tous les moyens nécessaire, à faire tout ce qui est en notre capacité pour leur exiger une réponse. Nous les ferons également vivre sur le compte Instagram @desertehachette, auquel vous vous pouvez vous abonnez dès maintenant.
Il est probable que le courage de la sécession soit difficile à trouver quand on écrit son livre, seul.e et isolé.e. Quand on se sent tenu.e par certains liens de travail et de confiance déjà formés. Quand on évolue dans un monde d’idées au point d’oublier que le livre a malgré tout une existence matérielle et sociale. A nous de provoquer ce courage, par contagion, par la pluralité et la masse de nos missives. A nous de faire résonner l’extrême nécessité et légitimité d’un tel acte contre ce que Vincent Bolloré tente de nous imposer. A nous de rendre inéluctable ce mot d’ordre : Déserte Hachette !
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