Vendredi 31 janvier - Nantes, peinturlurage de la facade de l'entreprise IER
Après le désarmement nocturne de l'entreprise EASIER à Wavre en Belgique le 30 janvier, le communiqué de celles et ceux appelant à "l'heure de pros du désarmement" conviait à ce que « d’autres biches partout gambadent dans ces sites soi-disant garants d’un futur sécuritaire, qui ne sont pourtant pas si sécurisés que ça." Aussitôt dit, aussitôt fait ; quelques jours plus tard, à Nantes, c'est au tour d'une autre filiale de Blue Systems d'être ciblée : IER.
Mais qu'est-ce qu'est IER ? Au sein de Blue Systems, une des branches techno-industrielles du groupe Bolloré, cette entreprise produit et commercialise des outils de traçage des biens et des personnes et oeuvre à l'accélération des flux logistiques via leur automatisation. IER élabore des technologies comme la commande vocale Lydia Voice boostée à l'intelligence artificielle, achevant de déshumaniser le travail des préparateur.ices de commande dans les entrepôts. Il faut s'imaginer avoir toute la journée comme interlocutrice principale la voix de Lydia énumérant : « Allée 4 ... Emplacement 17 .. 4 [pour 4 colis] ". Il est commun de penser que l'automatisation améliorerait la santé des travailleur.euses mais elle sert surtout à augmenter la cadence et les profits : en 20 ans, les troubles musculo-squelettiques des ouvriers.ères de la logistique ont augmenté de 60 %.
Mais ce n'est pas tout, IER propose également de merveilleuses solutions « clé en main » destinées à « renforcer l'action de la police sur le terrain ». Ainsi, le groupe Bolloré vend à l’État des technologies à destination de la police pour la verbalisation électronique ainsi que pour le contrôle automatisé de la voirie ... mais aussi les titres de transports ! L'entreprise déploie des automates de vente pour la RATP en région parisienne, et « va déployer progressivement, entre 2024 et 2025, pas moins de 1 200 portillons avec des technologies de pointe dans les futures lignes du métro » parisien (les portillons, ça va devenir chaud !)... Bref, toute une panoplie d'outils technologiques pour faire régner l'ordre dans nos villes. Paris, Marseille, Bordeaux, Saint-Étienne, Neuilly-sur-Seine, Nice, Avignon, ou encore Versailles sont équipées par IER. C'est fièrement que ces derniers font le tour des salons de la police pour présenter leurs dernières trouvailles techno-sécuritaires.
Le mystérieux collectif ayant repeint la façade d'IER à Nantes s'oppose plus largement à tout l'empire Bolloré.
voici leurs mots :
« Vincent Bolloré est le symbole de son époque, le symbole d'une bourgeoisie ensauvagée. C'est un patron voyou, héritier multi-milliardaire, détenteur d'un empire industriel climaticide, néocolonial et sécuritaire.
C'est aussi un réactionnaire qui n'hésite pas à mettre son empire médiatique au service de l'extrême droite.
Il concentre et monopolise en effet une bonne partie de la presse écrite et télévisuelle, ce qui lui permet de diffuser son venin et d'imposer ses idées nauséabondes fascistes. Bolloré a construit sa richesse sur le pillage des ressources africaines et est aujourd'hui encore un acteur majeur du capitalisme colonial dans les pays du Sud global où ses activités engendrent violations de droits humains, spoliation de terre, déforestation ... Par ses diverses activités Bolloré participe aux ravages écologiques, et son groupe détient de nombreuses boîtes qui travaillent dans le domaine de la surveillance et la protection. Il continue d'intensifier sa guerre hégémonique culturelle en acquérant la maison d'édition Hachette afin de contrôler la production intellectuelle, mettant en avant des idéologues d'extrême droite.
Bolloré et son empire sont une menace pour toutes et tous. Il est un ennemi de classe et un authentique fasciste que nous devons cibler partout où cela est possible.
All Bolloré are bâtards ! »