Occupations, désarmement, interventions en tout genre - retour sur les deux premières journées d'action contre l'empire Bolloré et suites
Une centaine d'organisations antiracistes, syndicales, écologistes, féministes ont appelé à des journées d'actions contre l'empire Bolloré du 29 janvier au 2 février.
Les mobilisations se poursuivent ces prochains jours à Besançon (samedi) où se trouve l'entreprise Bolloré EASIER experte en surveillance, smarts cities et appareillages de contrôles aux frontières, à Poitiers (samedi) pour une parade carnavalesque autour de l’entrepôt Bolloré Energy et de sa politique extractiviste, à Fouesnant dans le Finistère pour un carnaval / pot de départ de Bolloré et rappeler que la Bretagne n’est pas une terre de milliardaires, mais une terre solidaire, à Paris (samedi) pour une grande action Relay en fanfare, mais aussi à Lyon, Marseille, Clermont-Ferrand ou à Oyonnax...
Tous les RDV et annonces détaillées du week-end sont dans cet article
RÉCAP des deux premiers jours :
EASIER désarmé, collusion entre recherche publique et SOCFIN ou BLUE SOLUTIONS prise à partie, ESJ fermée, universités occupées, RELAY chamboulés, emprise HACHETTE sur les livres scolaires dénoncée par les syndicats d'enseignant.es... Les deux premières journées d'actions de mercredi et jeudi ont visé de diverses manières l'appropriation de l'espace public et médiatique par Bolloré au service de l'extrême droite. Elles ont pointé le caractère toxique de nombre de ses infrastructures industrielles et ont dénoncé l'appui de la recherche publique à ses activités.
Montpellier
A Montpellier, le CIRAD pris à parti sur sa complicité avec la SOCFIN, Bolloré et le pire de l'agro-industrie néo-coloniale. A Montpellier, un rassemblement devant l'antenne locale du CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) a pointé la collaboration entre le centre de recherche publique et Bolloré via la Socfin, holding détenant des centaines de milliers d'hectares de plantations de palmiers à huile et d'hévéa. La Socfin, avec laquelle contractualise le CIRAD pour sa R&D via PalmElit, a récemment encore été l'objet d'un rapport d'un de ses actionnaires, le fonds de pension norvégien GPFG qui y dénonce les pratiques esclavagistes, viols et passages à tabac sur les employé.es et riverain.es de ses plantations, notamment au Cameroun ou au Liberia. Sans compter l'impact environnemental désatreux bien connu des monocultures d'huile de palme et l'accaparement des terres des populations locales. Ce n'est pas la première fois que le CIRAD est pris la main dans le sac de ses contributions aux avatars les plus toxiques de l'agriculture productiviste : le 5 juin 1999, des paysan.nes venu.es d'Inde et des membres de la confédération paysanne, dont René Riesel et José Bové, s'étaient introduits dans ces mêmes laboratoires pour y détruire des serres de riz transgéniques et dénoncer l'appui de la recherche publique au développement des OGM's, avant que ceux-ci finissent pas se voir interdits de culture en France.
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Wavre
A Wavre en Belgique, un groupe de "biches" est intervenu de nuit pour désarmer l'entreprise EASIER, une branche de l'empire Bolloré spécialisée dans le développement des technologies de surveillance, de traçabilité ou encore de contrôle aux frontières présente dans plusieurs régions de France. La machinerie lourde, les ordinateurs du site et badgeuses ont été mis en pièce, l'intérieur recouvert de peinture, la façade fissurée et couvertes de messages « Surveillance généralisée, fascisme à l’arrivée », ou bien encore « Bolloré baillonne nos libertés », « Bolloré, empire sécuritaire ! ». Communiqué complet des (pieds de) biche ici.
ESJ Paris
A Paris, l'Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Paris a été fermée après qu'un groupe est intervenu sur son parvis et a largement redécoré la façade avec un nouveau sous-titre : "Bolloré Fascise la France". L'ESJ Paris a été rachetée en novembre 2024 par un groupe de milliardaires dont Vincent Bolloré, Bernard Arnaud et Rodolphe Saadé. Ce rachat a été dénoncé par des centaines d’étudiant.es issu.es de 26 écoles de journalisme dans une tribune publiée il y a quelques jours 1 comme « une nouvelle expression de la subordination de l’indépendance journalistique à des intérêts économique, politique et idéologique. »
Grenoble
A l'Université-Grenoble-Alpes, 200 personnes ont occupé les locaux du laboratoire LEPMI pour dénoncer la collusion entre la recherche publique et les intérêts du milliardaire réactionnaire via sa filiale Blue solutions en scandant « Bolloré casse toi, l’UGA n’est pas à toi ». L'université de Grenoble n'est pas sans savoir que les profits des entreprises liées à Bolloré sont désormais directement réinjectés dans des outils de propagande racistes, sexistes, climato-dénialistes et dans des dispostifs de tentative de mise au pouvoir de l'extrême droite. Le partenariat UGA-BLUE au nom de la production exponentielle de batteries au lithium illustre la dérive d’une recherche publique fondée sur une mise en concurrence des laboratoires afin, selon le CNRS, « de lever les derniers verrous scientifiques » pour répondre « aux performances exigées par les constructeurs automobiles ». Mais le lithium n'est en aucun cas une matière "verte". Son extraction, notamment en Amérique latine, au profit de Bolloré a, au contraire, de lourdes conséquences en terme d'épendage de déchets toxiques sur des larges portions de territoires, de pollution de l'eau mais aussi de production de gaz à effet de serres.
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Multiples actions contre les boutiques Relay
De nombreux Relay logés au sein des gares ont vu leur quiétude perturbée par des actions diverses (Angers, Colmar, Mulhouse, Rennes, Poitiers, Sablé-sur-Sarthe, etc). D'après une note interne de Lagardère qui nous a été transmise par des employé.es qui détestent eux aussi Bolloré, ces initiatives collectives ou individuelles tendraient à se multiplier. Elles visent à s'opposer à l'appropriation de l'espace public, éditorial et médiatique par Vincent Bolloré et à soutenir les maisons d'édition et médias indépendants.
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Des profs et parents d'élèves mobilisé.es pour virer Bolloré des livres scolaires
A l'occasion des journées d'action, des professeur·es du syndicat FSU SNUipp 17 lancent une tribune dénonçant l'appropriation par Bolloré de l'édition de plus de 50% des manuels scolaires et le risque qu'il fait peser sur leurs contenus conjointement aux évolutions réactionnaires du ministère de l'éducation nationale. Ils appellent à alerter de diverses manières sur le sujet et à diffuser la tribune devant leurs établissements. Ils l'ont diffusé lors d'un rassemblement sur le parvis de la gare à La Rochelle.
Poitiers - l'université est occupée
L'Université de Poitiers est occupée entre autre en lien avec les journées d'action contre l'empire Bolloré. Une marche est organisée samedi 1er février à Chasseneuil-du-Poitou aux abords des sites industriels pétroliers Bolloré Energy.
Collages massifs partout en France
A Paris, Quimper, La Rochelle et dans plein d'autres villes de France des collages massifs d'affiche contre Bolloré et autres flash mobs et chorés sont organisées pour faire connaitre ses méfaits : /news/quimper-contre-bollore
Et ça ne fait que commencer ! Bolloré hors de nos vies ! hors des nos territoires !
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